La première banque française ne pourrait pas mieux se porter en enregistrant une augmentation de 7,5% de son résultat net par rapport à ce qu’il était l’année dernière. Plus de succès peut en outre être attendu compte tenu des revenus supplémentaires emmenés par la hausse des taux d’intérêts et les diminutions des coûts. Cette situation est cependant suivie par l’annonce de la suppression d’une centaine de postes par la direction.
Si bon nombre de personnes et de secteurs d’activités ont fait les frais entre autres de la guerre en Ukraine, des sécheresses inédites, de l’inflation débridée… certains semblent échapper à toutes ces difficultés. En ce qui le concerne effectivement, BNP Paribas avait déjà connu un record de bénéfice net en 2021. Cette réalité est réitérée en mieux en 2022 avec l’enregistrement de 10,2 milliards d’euros à titre de bénéfice net, tel que l’a annoncé la société mardi matin. Cela correspond plus précisément à une progression de 7,5% en un an. Cette nouvelle qui est synonyme de ravissement s’accompagne pourtant d’une autre qui s’annonce largement plus sombre, en tout cas pour ceux qui relèvent de BNP Paribas Personal Finance, la filiale de la banque en charge du crédit à la consommation au sein de laquelle une source syndicale affirme que 921 postes sur les 5 142 sont prévues être supprimées.
La banque espérait calmer les controverses se rapportant aux questions des superprofits en affirmant via un communiqué qu’elle représentait « un contribuable important avec un montant total d’impôts et taxes de 7,2 milliards d’euros payés en 2022». C’est notamment 3,85 milliards au titre de l’impôt sur les bénéfices dont elle a donc souligné s’acquitter. On soupçonne néanmoins dans cette communication une manœuvre visant à faire passer la nouvelle annoncée un peu plus tard dans la soirée. A noter donc qu’une grande partie des postes concernées, et plus précisément plus de 700, concerne entre autres les services de la finance, de l’informatique ou encore du marketing, correspondant de ce fait à des services fonctionnels. Ce sont de l’autre côté, les services opérationnels à l’instar des centres d’appels, agences Cofinoga, etc. où se situent le reste des postes qui seront touchées d’après toujours une des sources syndicales.
C’est à travers un communiqué de la banque que l’on apprend que celle-ci compte bien respecter le « processus d’information et de consultation » des élus syndicaux. Elle n’a cependant pas touché un mot concernant les discussions présentées comme venant de commencer. L’affirmation qu’il n’y aura pas départ contraint dans le cadre de cette suppression de postes se veut par ailleurs rassurante.
BNP Paribas affiche une situation financière excellente sur tous les plans. Une augmentation de 9% de son chiffre d’affaires correspondant à son produit net bancaire est à constater pour 2022. Cela équivaut à 50, 4 milliards d’euros. Concernant les revenus de l’ensemble des pôles d’activité, celle dédiée aux entreprises et aux grandes institutions accumule une croissance de +15,7% ; pour les banques commerciales et les métiers spécialisés, c’est une augmentation de +9,3% qui a été connue et enfin pour les métiers de financement et d’investissement, elle correspond à +3%.
La révision des objectifs à la hausse est alors une conséquence logique du succès connu par le plan stratégique 2025 tel qu’en témoigne les résultats obtenus qui a favorisé une confiance « dans la capacité du groupe à poursuivre sa croissance disciplinée et durable ». C’est ce que nous révèle les dires de Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, tels qu’ils ont été rapportés dans le communiqué.
Ainsi, si la croissance moyenne était jusqu’à présent de 7% par an, le groupe ambitionne de passer à 9%, ce qui correspond à une hausse du bénéfice net à pas moins d’un milliard d’euros chaque année. C’est dans les 2 milliards d’euros de revenus supplémentaires d’ici 2025 que BNP Paribas estime gagné compte tenu du relèvement des taux qu’a engendrée le resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne en vue de gérer au mieux l’inflation.
C’est également une diminution beaucoup plus importante des coûts qui est envisagée car elle était au départ estimée à 2 milliards d’euros et atteint dans les prévisions 2,3 milliards d’euros.
Une légère augmentation est à noter du côté des sommes provisionnées en cas de défaut d’un emprunteur correspondant pour faire simple au coût du risque. Elle est de 3 milliards d’euros, ce qui signifie donc une différence de 1,4 % comparé à ce qu’il était en 2021. Il semble alors que des salariés de sa filiale BNP Paribas Personal Finance, qui est l’entité dédiée au crédit à la consommation en France, sont d’une manière négative touchée par le retour de l’inflation. Le directeur général délégué de BNP Paribas, Thierry Laborde n’a pas hésité à affirmer que « c’est un métier qui a un grand avenir» qui toutefois est victime des effets de «la remontée très brutale des taux» et qui par conséquent, doit «s’adapter». Cela veut dire en gros que les employés seront donc amenés à quitter volontairement les postes qui sont à supprimer.
Par ailleurs, ne rentre pas dans le résultat les 16,3 milliards de dollars représentés par le fait d’avoir cédé la semaine dernière sa filiale américaine Bank of the West. Or, c’est 11,6 milliards d’euros de fonds propres qui s’en est trouvé libéré générant ainsi une « plus-value exceptionnelle d’environ 2,9 milliards d’euros » nette d’impôts.
En outre, le soir du lundi 6, Extinction Rebellion (XR) a fait subir ses actions à la banque. Ce sont en fait une trentaine de villes qui ont connu une destruction des distributeurs de billets de l’entreprise. Selon XR, « BNP Paribas est le premier financeur européen du développement des énergies fossiles ». Il pointe du doigt la non transparence de la banque en ce qui concerne son bilan carbone. A part ça, c’est son système de facturation de frais supplémentaires à destination des personnes vulnérables du point de vue financier qui est dénoncé par XR qui déplore donc sa politique sociale.